Tout savoir sur l'intelligence artificielle générale (IAG)

Article écrit par Julien Gourdon
ancien journaliste et consultant SEO depuis 2015

Bluffé par ses performances remarquables dans un grand nombre de domaines, un groupe de chercheurs en traitement automatique du langage naturel (NLP) de Microsoft a soutenu, dans un article publié le 22 mars 2023, que GPT-4, la dernière version du modèle d'intelligence artificielle générative d'OpenAI, pouvait être considérée comme une version initiale, bien qu'encore incomplète, d'un système d'intelligence artificielle générale (AGI). D'autres ont prétendu que GPT-5, annoncé sur Twitter comme devant être mise à la disposition du public fin 2023 (ce qui a été démenti par Sam Altman, l'un des co-fondateurs d'OpenAi) serait encore plus performant et aurait toutes les caractéristiques d'une intelligence artificielle forte (c'est à dire générale, pouvant exécuter toutes sortes de tâches de manière autonome, ayant des capacités cognitives identiques, voire supérieures, à celles d'un humain).

Sam Altman dément qu'OpenAI travaille actuellement au développement de GPT-5.

Et le fait que la machine puisse faire aussi bien que l'Homme, voire le dépasser, fait peur... Et fascine en même temps ! D'autant que si l'idée pouvait faire rire toute personne à peu près saine d'esprit il y a quelques années (et j'en fais partie, je suis de ceux qui n'ont jamais cru qu'une machine puisse écrire aussi bien qu'un humain jusqu'à il y a quelques mois encore, j'ai radicalement changé d'avis à l'arrivée de ChatGPT), elle n'est aujourd'hui plus du tout du domaine de la science-fiction.

Pire encore, elle est désormais rentrée dans le champ du plus que probable. Voire, de l’inéluctable ! 😱

A l'heure où j'écris ces lignes (le 6 mai 2023, il est 23h11, je suis crevé mais je ne lâche rien), les personnes à peu près saines d'esprit ne sont plus celles qui ricanent doucement quand quelqu'un s'enflamme à propos des capacités de ces intelligences artificielles génératives mises à la disposition du public (ChatGPT, BARD (rebaptisé depuis Google Gemini), pour ne citer qu'elles), mais bien celles qui comptent les heures (j'exagère un poil, c'est mon tempéramment, j'ai toujours été comme ça) avant que l'IA ne nous assiste (remplace ?) dans l'ensemble de nos tâches.

Est-ce qu'on sera plus heureux ?

Que vont devenir nos emplois ?

A quoi allons-nous servir ?

Est-ce qu'on va pouvoir supporter qu'une machine soit plus intelligente que nous ?

Est-ce qu'elles vont vouloir nous supprimer ? Question légitime, si l'on considère que des armes autonomes létales qui localisent, sélectionnent et suppriment des cibles humaines sans supervision par l'Homme sont déjà disponibles et utilisées dans les conflits armés.

La sortie de ChatGPT le 30 novembre 2022 a eu une telle résonnance dans le monde entier qu'elle a libéré tous les fantasmes :

• Des angoisses existentielles : la lettre ouverte du 22 mars 2023 signée par des centaines de chercheurs et personnalités du monde de la tech demandant un moratoire de 6 mois afin de mettre en place des systèmes de contrôle capables de gérer les perturbations économiques et politiques dramatiques (en particulier pour la démocratie) que l’IA provoquera ;
• Des fantasmes de renaissance : Yann Le Cun, directeur de l'intelligence artificielle à Meta, qui n'hésite pas à dire que l'IA pourrait donner lieu à un nouveau siècle des Lumières, rien de moins ;
• Des croyances qu'on peut faire tout et son contraire sans que personne ne remarque rien : Elon Musk, l'un des cofondateurs d'OpenAi (mais aujourd'hui ne faisant plus partie de la structure), qui signe la lettre ouverte du 22 mars pour mettre en garde contre les dangers de l'IA et qui dans le même temps crée une start-up d'intelligence artificielle, dénommée X.AI, qui vise à concurrencer les leaders du marché, OpenAI et DeepMind. Ce mec n'a donc aucune limite dans l'hypocrisie.

Quoi qu'il en soit, la question n'est donc plus de savoir s'il y aura un jour une intelligence artificielle générale, mais quand elle arrivera.

Je lisais il y a quelques mois l'interview d'un chercheur en deep learning (impossible à retrouver, désolé) qui disait que toute personne sérieuse ne pouvait pas prétendre que l'AGI arriverait avant au moins une décennie, voire 2. Je ne suis pas chercheur, je ne suis pas du tout un spécialiste du sujet (je ne fais que m'y intéresser de très près), mais j'ai le sentiment que les choses bougent tellement vite dans le domaine de l'intelligence artificielle qu'il suffirait d'un simple déclic, une trouvaille, pour que cela arrive beaucoup plus tôt que prévu.

J'ai peut-être raison. J'ai peut-être tort, nous verrons bien. Mais il me semble que si nous apprenons qu’une AI a atteint le niveau d'AGI dans les 2 ans qui viennent, cela n'étonnera personne, et surtout pas le grand public.

Mais explorons un peu plus en détail le concept d'intelligence artificielle générale, ses différences avec ce qu'on appelle l'IA faible ou classique, les avancées majeures dans ce domaine, ainsi que les enjeux, opportunités et défis liés à cette technologie révolutionnaire.

Qu'est-ce que l'IAG et comment se différencie-t-elle de l'IA classique ?

Définition de l'intelligence artificielle générale

L'intelligence artificielle générale est une forme avancée d'intelligence artificielle qui se caractérise par sa capacité à effectuer et réussir n'importe quelle tâche cognitive qu'un être humain pourrait accomplir. Contrairement à l'IA classique, qui est limitée à des tâches spécifiques et préprogrammées, l'AGI a pour objectif de développer des systèmes autonomes et polyvalents capables de s'adapter et d'apprendre dans des environnements variés et complexes.

Comparaison entre l'IA faible et l'IA générale

L'IA classique, également connue sous le nom d'IA faible ou spécialisée, est conçue pour résoudre des problèmes précis et déterminés à l'avance, tels que la reconnaissance d'image, la traduction automatique ou encore la prédiction de tendances. Elle excelle dans ces domaines précis, mais ne peut pas s'adapter à d'autres types de tâches ni apprendre de manière autonome. Pour fonctionner, elle peut faire l'objet de 4 types d'apprentissage :

• l'apprentissage supervisé
• l'apprentissage semi-supervisé
• l'apprentissage non-supervisé
• l'apprentissage renforcé

En revanche, l'intelligence artificielle générale se rapproche davantage de l'intelligence humaine, avec des capacités d'apprentissage généralisées et une compréhension du contexte. Elle vise à créer des machines capables de réflexion, d'imagination et de créativité, et d'une prise de décision adaptée aux situations incertaines ou inconnues.

Les avancées majeures et les acteurs clés du domaine de l'IAG

Projets innovants en matière d'IAG

Ces dernières années, il y a eu plusieurs projets innovants dans le domaine de l'intelligence artificielle générale, tels que DeepMind, la filiale d'Alphabet (Google) qui a notamment développé AlphaGo, un programme capable de jouer au jeu de Go à un niveau bien supérieur à celui des meilleurs joueurs humains. Il y a bien-sûr OpenAI, fondée en 2015, dont la sortie de son modèle GPT-2, en février 2019, a constitué une première révolution dans le monde des intelligences artificielles génératives. Pour la 1ère fois, les rédacteurs web ont commencé à se dire qu'un outil pouvait sérieusement les aider à rédiger leur article, même si, je l'avoue, j'étais encore sceptique à l'époque quant à la capacité d'une machine à vraiment bien rédiger.

Entreprises et chercheurs influents dans le développement de l'IAG

Plusieurs entreprises et chercheurs travaillent sur l'IAG, parmi lesquels :

• DeepMind : filiale d'Alphabet (Google) dédiée à la recherche sur l'IA généralisée
• OpenAI : entreprise de recherche en intelligence artificielle cofondée par Elon Musk et centrée sur les avancées en IAG
• Yann LeCun : chercheur français, directeur de la recherche en IA chez Facebook et l'un des pères fondateurs de l'apprentissage profond et de la vision par ordinateur, co-lauréat du prix Turing en 2018, considéré comme le Nobel d'informatique
• Yoshua Bengio : professeur à l'Université de Montréal et précurseur des réseaux de neurones artificiels, également co-lauréat du prix Turing en 2018. Il est l'un des signataire de lettre ouverte du 22 mars 2023 demandant un moratoire de 6 mois par peur que l'intelligence artificielle devienne hors de contrôle.

Les enjeux, opportunités et défis liés à l'IAG

Impact de l'IAG sur l'économie et la société

Pour ses fervents supporters, l'intelligence artificielle générale a le potentiel de transformer l'économie et la société de manière radicale. Elle pourrait permettre d'automatiser des emplois de haut niveau, y compris ceux qui nécessitent une expertise spécialisée, et résoudre des problèmes complexes tels que la lutte contre les changements climatiques ou la découverte de nouveaux traitements médicaux. Mais elle soulève également de nombreuses préoccupations quant à la répartition des bénéfices, la protection de la vie privée et la sécurité des données.

Les risques éthiques et la régulation de l'IAG

Le développement de l'IAG pose des questions éthiques et des défis en matière de régulation. Ces défis incluent la responsabilité en cas d'erreurs ou de malversations, l'impact sur l'emploi, le respect des droits de l'homme, la transparence et l'équité des algorithmes, et la prévention des utilisations malveillantes de l'IA. Une régulation efficace et équilibrée semble absolument nécessaire pour assurer un développement éthique et sécurisé de l'intelligence artificielle forte, ainsi que sa mise en œuvre dans le respect des valeurs humaines.

Les perspectives d'avenir pour l'intelligence artificielle générale

Évolution technologique et progrès vers l'IAG

Les avancées en matière de puissance de calcul, d'algorithmes et de collecte de données vont permettre de réaliser des progrès significatifs dans le développement de l'intelligence artificielle générale au cours des prochaines décennies. Cependant, il reste encore de nombreuses étapes à franchir et des défis à surmonter pour atteindre une IAG pleinement fonctionnelle et performante. Parmi ces défis, de nombreux chercheurs soulignent la nécessité de développer un nouveau paradigme qui dépasse la prédiction du mot suivant (c'est la manière dont fonctionnent toutes les intelligences artificielles génératives de texte actuellement, dont ChatGPT. Elles ne font qu'établir une probabilité qu'un mot apparaisse après un autre mot. Le plus étonnant, c'est que cela fonctionne très bien !).

Potentiel industriel et commercial de l'IAG

Le potentiel industriel et commercial de l'IAG est immense, avec des applications dans des domaines aussi divers que la santé, la finance, la logistique, l'éducation ou l'énergie. Les entreprises capables de développer et d'appliquer efficacement cette technologie pourront bénéficier d'un avantage concurrentiel significatif et contribuer à améliorer la qualité de vie de millions de personnes à travers le monde.

Malheureusement, l'intelligence artificielle générale pourrait également être utilisé à des fins malveillantes, dans le but de combattre un pays ennemi ou d'éliminer des opposants politiques par exemple.