- Chrome épargné : Le navigateur web de Google, acteur essentiel de son écosystème, était dans le viseur. La décision permet à Google de conserver Chrome, évitant ainsi un bouleversement majeur pour des millions d'utilisateurs et de développeurs.
- Contrat Apple maintenu : L'accord de 20 milliards de dollars avec Apple, faisant de Google le moteur de recherche par défaut sur les appareils iOS, a également été maintenu. Ce contrat est une source de revenus colossale pour Google et un pilier de sa domination sur le marché de la recherche mobile
Le 2 septembre 2025, la justice américaine a rendu un verdict très attendu dans le procès antitrust opposant le Département de la Justice (DOJ) des États-Unis à Google. Accusé de pratiques monopolistiques dans le secteur de la recherche en ligne, le géant technologique, filiale d'Alphabet, échappe à la mesure la plus drastique : le démantèlement de ses activités. Cette décision, qualifiée de "victoire monstre" par certains analystes, permet à Google de conserver son empire intact tout en imposant quelques concessions. Dans cet article, nous revenons sur les détails du verdict antitrust Google, ses implications pour l'industrie tech, et les perspectives futures.
Contexte du procès antitrust contre Google
Le procès antitrust contre Google a débuté il y a plusieurs années, avec des accusations portées par le DOJ affirmant que l'entreprise maintenait illégalement un monopole sur le marché de la recherche en ligne. En août 2024, le juge fédéral Amit Mehta avait déjà déclaré Google coupable d'avoir agi comme un monopole pour préserver sa position dominante, notamment grâce à des accords de distribution exclusifs. Ces accords, impliquant des partenaires comme Apple, ont permis à Google de capter plus de 90 % des requêtes de recherche en ligne, selon les estimations.
Le DOJ réclamait des sanctions sévères, incluant la séparation de Chrome (le navigateur web de Google) et potentiellement d'Android, pour restaurer une concurrence loyale. Ces mesures visaient à briser ce que les autorités considèrent comme une emprise excessive sur l'écosystème numérique.
Le verdict : Pas de démantèlement, mais des concessions obligatoires
Dans sa décision finale rendue le 2 septembre 2025, le juge Amit Mehta a opté pour une approche plus mesurée. Google est autorisé à conserver Chrome et ses autres actifs clés, évitant ainsi un démantèlement qui aurait pu remodeler l'industrie tech. Au lieu de cela, l'entreprise doit partager ses résultats de recherche et certaines données avec des concurrents, afin de favoriser une concurrence plus équilibrée.
Un point clé du verdict concerne les contrats de distribution. Google peut continuer à payer ses partenaires pour promouvoir ses services sur leurs appareils, y compris le fameux contrat de 20 milliards de dollars annuels avec Apple, qui n'est pas remis en cause. Ce partenariat, qui fait de Google le moteur de recherche par défaut sur les iPhone et Safari, reste intact, au grand soulagement d'Alphabet.
Pour autant, le verdict rendu par la justice américaine n'est pas pour autant un chèque ne blanc donné à Google. Plusieurs mesures correctives visant à limiter les pratiques anticoncurrentielles de l'entreprise ont en effet été imposées.
Voici les concessions concrètes demandées à Google suite à ce verdict :
1. Simplification du changement de moteur de recherche par défaut
La concession la plus significative est l'obligation demandée au moteur de recherche de faciliter le choix d'un moteur alternatif pour les utilisateurs. Concrètement, cela se traduit par :
- L'implémentation d'un "écran de choix" : Lors de la configuration d'un nouvel appareil Android ou de la première utilisation de Chrome, les utilisateurs se verront présenter un écran leur proposant une sélection de plusieurs moteurs de recherche. Ils pourront ainsi choisir une alternative à Google (comme DuckDuckGo, Qwant, ou Bing) en un seul clic. Cette mesure s'inspire de ce qui a déjà été mis en place en Europe sous la pression de la Commission Européenne.
- Interdiction des contrats d'exclusivité stricts : Google n'aura plus le droit d'imposer des clauses contractuelles qui empêchent les fabricants de smartphones ou les opérateurs de télécommunications de pré-installer des services de recherche concurrents.
2. Transparence accrue sur les accords de distribution
Bien que le contrat emblématique avec Apple à 20 milliards de dollars ait été sauvé, la justice exige plus de transparence sur ce type de partenariat. Google devra ainsi communiquer aux autorités de régulation les détails financiers et les clauses techniques de ses principaux accords de distribution, qui font de lui le moteur de recherche par défaut. L'objectif est de permettre aux régulateurs de surveiller si ces accords ne créent pas des barrières insurmontables pour les nouveaux entrants.
3. Interopérabilité des données publicitaires
Pour s'attaquer à la domination de Google sur le marché de la publicité en ligne, le verdict impose des mesures visant à faciliter la migration des annonceurs vers des plateformes concurrentes. La firm de Moutain View doit ainsi développer des outils permettant à un annonceur d'exporter facilement ses données de performance et de campagne (historiques, mots-clés, stratégies d'enchères) vers des régies publicitaires concurrentes. Auparavant, le coût et la complexité de cette migration rendaient les annonceurs captifs de l'écosystème Google Ads.
4. Limitation de l'auto-référence dans les résultats de recherche
Le tribunal a également imposé des contraintes pour limiter la tendance de Google à favoriser ses propres services (Google Flights, Google Shopping, etc.) dans ses pages de résultats. Ainsi, Google ne pourra plus lier techniquement l'utilisation d'un de ses services publicitaires à la mise en avant préférentielle d'un autre de ses services dans les résultats de recherche. Les algorithmes devront être ajustés pour garantir un traitement plus équitable des services concurrents, même si le verdict ne va pas jusqu'à imposer une séparation fonctionnelle de ces services.
Google réfléchit à faire appel, le géant américain exprimant des préoccupations sur l'impact des concessions qui pourraient nuire selon lui sur la qualité de ses services pour les utilisateurs et sur le respect de leur vie privée (Google étant très préoccupé par le respect de la vie privée des utilisateurs, comme chacun sait !).
We have concerns about how these requirements will impact our users and their privacy, and we’re reviewing the decision closely.
Implications pour Google et le marché de la recherche en ligne
Cette issue du procès antitrust Google est perçue comme une victoire significative pour l'entreprise dirigée par Sundar Pichai. Immédiatement après l'annonce, l'action Alphabet a bondi de 7 % en bourse, reflétant la confiance des investisseurs dans la résilience du modèle économique de Google.
Pour le marché, les concessions obligatoires pourraient ouvrir la porte à une plus grande concurrence. Des rivaux comme Microsoft (avec Bing) ou des startups pourraient bénéficier d'un accès accru aux données de Google, potentiellement stimulant l'innovation dans la recherche en ligne. Cependant, sans démantèlement, Google maintient sa domination, avec près de neuf requêtes sur dix gérées par son moteur.
À plus long terme, ce verdict pourrait influencer d'autres enquêtes antitrust en cours contre Google, notamment en Europe où l'Union européenne impose déjà des régulations strictes via le Digital Markets Act (DMA).
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