Pourquoi parle‑t‑on autant de RRF en 2025 ?
Les moteurs IA comme ChatGPT ou Perplexity n’utilisent pas un seul index ni un seul score. Ils orchestrent des pipelines multi‑sources : recherche dense par embeddings, recherche lexicale (BM25 et variantes), signaux issus d’un knowledge graph, et parfois des APIs externes. Chaque brique renvoie un classement hétérogène.
Problème : ces classements ne sont pas comparables directement (échelles de score, distributions, bruit). Il faut donc une méthode stable pour fusionner ces résultats et produire un top> cohérent avant la génération de réponse. C’est précisément le rôle du Reciprocal Rank Fusion.
Définition opérationnelle du Reciprocal Rank Fusion
Le RRF est une méthode d’agrégation de classements. Plutôt que d’aligner des scores incomparables, il s’appuie sur les rangs. La formule est simple :
- d : document (ou passage) candidat.
- rang_s(d) : position de d dans le classement du système s.
- k : constante de lissage (souvent 60 à 100) pour limiter l’écart entre les toutes premières positions et le reste.
Lecture : un document haut placé dans plusieurs classements accumule un score RRF élevé ; un document très haut dans un seul classement mais absent ailleurs sera moins favorisé. Autrement dit, le RRF valorise la convergence inter‑systèmes.
Remarque pratique : augmenter k réduit l’impact des petites différences de rang en tête de liste ; diminuer k rend la fusion plus « pointue » sur les premières positions.
Atouts du RRF pour la recherche augmentée
- Simplicité : pas d’entraînement, seulement des calculs sur les rangs.
- Robustesse : adapté aux scores hétérogènes et aux distributions différentes entre systèmes.
- Diversité utile : favorise des documents « régulièrement présents » plutôt qu’un unique outlier.
- Compatibilité RAG : s’intègre bien dans les pipelines où l’on doit sélectionner des chunks avant génération.
Le lien avec le query fan‑out
Lorsqu’un moteur IA active la recherche web, il ne se limite pas à reformuler la requête utilisateur : il génère un éventail de sous‑requêtes (query fan‑out) pour couvrir toutes les facettes du besoin utilisateur. Chaque sous‑requête retourne ses propres résultats. On se retrouve donc avec autant de classements que de sous‑requêtes, auxquels s’ajoutent les différents paradigmes de recherche (lexical, dense, graph…).
C’est là que le RRF intervient : il fusionne ces multiples classements pour déterminer les documents réellement mis en avant. Ainsi, un contenu présent de façon régulière, même à un rang moyen, pourra surpasser un contenu très bien placé sur un seul mot‑clé à fort volume mais absent ailleurs.
👉 Cela signifie que viser uniquement des requêtes principales à fort volume peut être insuffisant : pour émerger dans les réponses des LLM, il faut aussi couvrir les requêtes secondaires générées automatiquement.
Implications pour le GEO : optimiser pour la fusion, pas pour un silo
Pour gagner la visibilité dans un contexte de moteurs génératifs, nous devons multiplier les signaux :
- Lexical : mots‑clés cibles, titres hiérarchisés, balisage propre, termes de l’intention de recherche, variantes.
- Sémantique : couverture des entités et relations, contextualisation claire, qualité des embeddings induite par le texte (phrases informatives, exemples concrets, citations qui font sens, données chiffrées correctement contextualisées).
- Structuré : données structurées (schema.org, JSON‑LD), maillage interne optimisé
- Présence multi-requêtes : Vous devez vous assurer d'être bien positionné sur un large ensemble de sous-requêtes, autrement dit de creuser votre thématique dans les moindres détails.
Plus vos contenus scorent correctement sur l'ensemble de ces 4 axes, plus ils montent dans le classement fusionné après RRF. C’est l’un des leviers majeurs du GEO (Generative Engine Optimization).
Cas pratique : calculer un score RRF
Vous publiez un article sur le maillage interne SEO. Supposons :
- Classement lexical → rang #3
- Classement dense (embeddings) → rang #7
- Classement knowledge graph → rang #2
Avec k = 60 :
Un autre article classé #1 dans un seul index mais absent ailleurs pourra obtenir un score inférieur. Votre contenu, présent à travers plusieurs systèmes et plusieurs sous‑requêtes, est donc mieux positionné pour être sélectionné comme chunk pertinent.
Conclusion
Le Reciprocal Rank Fusion est la colle algorithmique qui permet aux moteurs IA de croiser des signaux issus de recherches et de sous‑requêtes différentes afin de décider quels contenus seront effectivement lus avant la génération.
👉 En pratique, cela signifie qu’il faut optimiser ses contenus non seulement pour des mots‑clés à fort volume, mais aussi pour un paysage élargi de sous‑requêtes générées automatiquement. Notre stratégie consiste donc à travailler simultanément les dimensions lexicale, sémantique et structurée, tout en couvrant un spectre de requêtes plus large que celui du SEO classique, pour renforcer la pertinence globale et la visibilité après fusion.
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